Prog. 8 février 2004

Le projet de LURRA

Lurra est un ensemble vocal comprenant huit chanteurs et un chef de chœur. Ses membres sont des chanteurs lyriques professionnels liés par l’amitié née de Ieurs rencontres sur scène au théâtre et à l’opéra.
Son projet artistique est d’investir le chant traditionnel européen. L’objectif de la recherche est double : Effectuer une relecture des partitions de chant populaire à travers l’Europe.
Réaliser une adaptation pour des voix dont les possibilités sont généralement plus étendues que celles des chanteurs amateurs. Ce travail est destiné à promouvoir les traditions populaires tout en affirmant la présence des chanteurs lyriques dans le domaine des musiques traditionnelles. Lurra, « la terre » en basque, initie ce projet avec le répertoire basque en harmonie avec les origines du chef de chœur et la formation de l’otxote. Par la suite, l’enregistrement de quinze disques permettront de représenter les traditions musicales de l’Europe, Ieurs pays et leurs régions.

Les chants traditionnels basques

ORIGINES DES CHANTS

Les traits les plus caractéristiques du peuple basque pourraient se résumer à trois attachements profonds : à ses traditions, à sa culture et à sa langue, l’EUskara. Dans le Pays Basque, une bonne partie des tâches journalières des paysans et des marins ont donné naissance à des jeux et des sports traditionnels très ancrés dans la population. Les régates des chalutiers, le lever de pierre… sont autant de témoignages de cette capacité à transformer le travail en sports, jeux et spectacles. Côté musical, il faut mentionner les bedsolaris, authentiques poètes qui improvisent Ieurs vers en basque tout en les chantant au public. On ne peut oublier les danses basques et leur grâce, leurs couleurs et leur composition artistique. Les origines du folklore basque sont aussi inconnues que \’Euskara : de nombreuses hypothèses ont été émises mais nul n’a découvert ses sources véritables et son évolution.

Dans l’étude de la musique populaire, le premier problème rencontré est celui de la définition même du folklore : « expression musicale qui présente une physionomie et des caractères propres à un peuple ». L’obscurité qui règne sur les origines et l’évolution de la culture traditionnelle s’applique alors à ses diverses manifestations musicales. La deuxième difficulté majeure dans la recherche sur la musique traditionnelle, vient de sa transmission essentiellement orale. Or, la collecte des témoignages vivants a commencé d’une façon très irrégulière et tardive. Par ailleurs, l’évolution du folklore est toujours un processus lié à la perméabilité des cultures. Tous les peuples dans une plus ou moins grande mesure connaissent un métissage culturel avec Ieurs voisins. Le Pays Basque, bien qu’il ait été épargné par les invasions pendant des siècles, a accueilli des hôtes tels que les Celtes, les Ibères, … et tous ont laissé leur empreinte. Santesteban, d’Abbadie, etc…. ont mis en lumière une grande partie de la riche tradition musicale cultivée pendant des siècles. Les fêtes basques initiées en Urrugne en 1853, par Antoine d’Abbadie ont contribué au développement des traditions autochtones. Indépendamment des fêtes, les sociétés chorales ont diffusé la musique, à travers des chansons populaires arrangées. Mais ce sont surtout des auteurs, comme le Père Donostia et R.M. Azkue au début du 20 ” e siècle qui ont réalisé un immense travail de recensement en compilant d’une façon exhaustive des mélodies et des chants dans tout le territoire. Ils ont contribué non seulement à approfondir l’histoire de la musique basque, mais aussi à l’Histoire elle-même des Basques en tant que peuple.

L’OTXOTE

L’otxote ( prononcer otchoté ) est une formation chorale à huit chanteurs : deux ténors 1, deux ténors 2, deux barytons et deux basses. On peut supposer que le mot « otxote » vient du mot espagnol « ocho » (huit). Il n’a pas de véritable signification basque, puisque le mot « huit » en basque se dit « Zortzi ». La première hypothèse sur la naissance de cette formation concerne les séminaristes qui se réunissaient pour interpréter des chants sacrés ou profanes. La deuxième hypothèse, plus probable, situe son origine au sein des « sociétés basques », véritables clubs disséminés dans le Pays Basque sud où les hommes, en dehors de leurs heures de travail, se retrouvaient pour se détendre. On reconnaît le même cas de figure par exemple pour la Squadra génoise où les hommes après leurs journées dans les docks se rejoignaient pour chanter.

Le premier concours répertorié dans l’histoire de l’otxote, a eu lieu le 22 novembre 1930 dans la salle de la Société Chorale de Bilbao où, les responsables de cette chorale, le chef de chœur et son assistant n’étaient autre que Jesùs GURIDI et Jesùs ARAMBARRI. Dès ce premier concours, les otxotes rencontrent un franc succès jusque dans les années 65 où les concours se multiplient. La langue basque ayant été interdite pendant la période franquiste, les chants devaient être interprétés en espagnol. L’otxote fût alors pratiqué uniquement au Pays basque de façon assez confidentielle.

Dans les années 75, ce type de formation n’existe quasiment plus. Actuellement, il y a très peu d’otxote au Pays basque. Il reste un seul concours qui se déroule chaque  année à Cambo les Bains où se confrontent trois otxotes du Pays basque Sud et trois otxotes du Pays basque Nord. Les candidats sont en majorité issus d’une sélection effectuée dans des chorales de 20, 30 ou 40 personnes. On peut établir une correspondance avec les Polyphonies corses, les Squadra génoises et certaines formations où les hommes chantent la nature, le travail et les femmes. Rien n’interdit de penser que ce type de groupes vocaux que l’on retrouve un peu partout en Europe a été créé par les hommes soucieux de s’affranchir des difficultés quotidiennes et de partager tout en les nourrissant Ieurs traditions. Depuis 1900 un grand nombre de chants russes ou issus des pays de l’Est ont été interprétés et adoptés par les chanteurs basques. Ils font désormais partie intégrante du répertoire traditionnel. Sans doute la similitude des harmonies a t-elle favorisé cette rencontre dont les causes réelles sont déjà gommées dans les esprits par la force et la beauté de l’énigme qui planent au-dessus des origines du peuple basque lui-même.

Les voix de l’Otxote

Les chants basques au XXe siècle ont été essentiellement composés pour cette formation. L’otxote offrait la possibilité de présenter une virtuosité et une palette de couleurs difficiles d’accès pour une chorale de 30 ou 40 personnes. Le rythme basque est si diffìcile, par exemple pour le Zortziko ou la Ezpatadantza, qu’un groupe amateur a des difficultés à le maintenir jusqu’au bout. Même difficulté pour certaines partitions comme Haurrak ikaza zue (fandango) qui est une danse aux rythmes très rapides et variés. Ces chants étaient conçus pour la virtuosité des interprètes professionnels.

L’Otxote LURRA est composé de chanteurs lyriques professionnels. Ils ont acquis une expérience de chant très spécifique qui leur permet d’interpréter un répertoire peu exploité de par sa complexité et la variété de ses nuances. Le travail de Lurra réside également dans la recherche de partitions anciennes avec toutes ses caractéristiques (musíques, rythmes, textes) que l’on ne peut pas aborder avec une chorale amateur. Un ensemble professionnel comme Lurra permet de disposer d’un contre ut avec les ténors ainsi que d’un ut grave chez les basses

Les CHANTEURS

Pierre ROUSSEAU, Premier Ténor : Médaillé d’or du Conservatoire de Bourges, donne de nombreux récitals, interprète également des oratorios et de la musique grégorienne.

Thierry TREGAN, Premier Ténor :  Médaille d’or au Conservatoire de Bordeaux puis élève à l’école de l’Opéra de Paris, chante sur les principales scènes françaises.

Gérard COUCHOT, Deuxième Ténor : Débute dans le chœur familial dès l’âge de 12 ans, pour continuer au sein du chœur de l’armée française, dans lequel il passe 14 années de sa carrière.

Jean-Christophe PICOULEAU, Deuxième Ténor et Auteur, compositeur : Conservatoire du Mans puis titulaire des chœurs du Théâtre de Tours puis dans ceux de l’Opéra Bastille à Paris, il devient membre de la troupe des solistes du Théâtre d’Angers.

Raoul du REAU, Basse : Conservatoire Rachmaninov de Paris, Conservatoire de Versailles. Il chante dans les théâtres lyriques de France (Opéra Bastille, Opéra-Comique, Châtelet…)

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