Prog. 13 juin 2010

Jean-Marcel BUVRON, orgue

Parallèlement à des études classiques de formation musicale, de trompette, d’harmonie et de direction d’orchestre, successivement aux conservatoires du Mans, d’Angers, de Tours et  de  Nantes,  Jean-Marcel BUVRON a suivi des études de musicologie à l’Université de Tours. Titulaire du CAPES de musique et de chant choral depuis 1988, il enseigne l’Éducation Musicale dans un collège du Mans. Passionné de recherche musicologique, il s’est spécialisé dans l’étude des maitrises de cathédrale et plus spécialement celle du Mans au XIXème siècle. Titulaire d’une maîtrise et d’un DEA, il prépare actuellement une thèse à l’Université de Tours. Jean-Marcel est l’auteur de nombreux articles publiés dans des revues historiques. En 1995, la restauration de la peinture murale située au niveau de la voûte de la chapelle de la Vierge à la cathédrale du dans, présentant quarante-sept anges musiciens de la fin du XIVème siècle, lui insuffIe le désir de publier une étude sur cette magnifique œuvre. Le livre « Les anges musiciens de la cathédrale du Mans« , dont il est coauteur, est paru en mars 2002 aux éditions La Reinette puis réédité en 2005. 3ean-IHarcel donne de nombreuses conférences sur cette œuvre picturale. Jean-Marcel BUVRON pratique le chant choral depuis son enfance et a rejoint pendant deux ans le chœur Résonnances du Mans. Il est par ailleurs trompettiste, organiste à la cathédrale du Mans et à l’église Notre-Dame du Pré, coorganisateur des concerts « Le Pré en musique », et organisateur de nombreux concerts en hommage à Édith Piaf qui remportent depuis des années, un vif succès.

LA TROMPE DANS L’HISTOIRE

Dans les temps chevaleresques, c’est le cor qui, du haut des donjons, donne l’alarme et appelle les vassaux. Sa voix éclatante domine le cliquetis des armes et fait connaître au Ioin le triomphe ou la défaite. Plus tard, quittant son caractère guerrier, la trompe devient le porte-voix et pour ainsi dire l’âme de la chasse : elle permet aux chasseurs de communiquer entre eux. Les plus grands seigneurs, les rois même tiennent pour honneur de sonner du cor. Charles IX, Louis XIII étaient les plus intrépides sonneurs de leurs temps et c’est sous le règne de Louis XV, auteur de diverses fanfares, que le marquis de Dampierre, capitaine des chasses royales, a composé la plus grande partie des fanfares classiques. Il faut à la trompe les solitudes et l’espace de la forêt immense et profonde. Entendue de Ioin, dans la nuit, elle a un charme pénétrant qui a inspiré à Alfred de Vigny les strophes toutes imprégnées d’une majesté héraldique : Son histoire est retracée dans deux musées ; le musée international de la chasse à GIEN, et le musée de la vénerie à SENLIS. Ce furent d’abord des cornes de buffles, de bœufs ou de béliers coupées pas le petit bout dans lequel on introduisait un petit morceau de sureau percé pour servir de porte-vent. De là le nom de « cornet » et, par abréviation « Cor », qu’il a conservé. Les Romains employaient une sorte de cor appelé « cornu » qui était en bronze. Plus tard, on fit des cors en bois, en argent, en or, en ivoire qu’on nommait « olifant ». Ce mot, est la corruption du mot « éléphant » tiré du latin « éléphantus » et qui désignait un cor fait d’une défense d’éléphant ou en forme de trompe d’éléphant. De là également le nom de « trompe ». L’instrument va ainsi rester sans évolution notoire dans son état durant plusieurs siècles. Il faudra attendre François 1er pour que le « cornet »’ soit porté suspendu par une longue et large bandoulière.

Sous Charles IX, l’instrument s’arrondit et prend le nom de « huchet » c’est à-dire du verbe « hucher », ce qui signifie en vieux français « appeler ». La trompe se perfectionne assez sous Louis XIII, notamment en fabriquant celle-ci en laiton; alliage composé de cuivre et d’étain qui donnera à l’instrument cet « éclat » et ce « timbre » si particulier. C’est parmi les trompes d’église que Louis XIV choisi son instrument en 1680. Il s’agit d’une trompe en Ut de 2,27 mètres de Iong. Trop petite au 16ème siècle, la trompe devient trop grande sous Louis XIV. Mais sous Louis XV, elle reçoit son dernier perfectionnement au point de vue musical ; elle acquiel sa forme définitive et mérite par son caractère décoratif d’être souvent, avec la harpe, le symbole de la musique. Enfin, la trompe fait son entrée à l’Opéra en 1757.

DESCRIPTIF DE LA TROMPE

La trompe de chasse comprend une petite embouchure mobile, trois tubes soudés bout à bout et dont le premier s’évase largement pour former le pavillon qui amplifiera le son émis à partir de l’embout. Pour s’adapter aux différentes époques, il y a eu plusieurs soles de trompes. Tout d’abord, il y eu la trompe dite « à la Dampierre » enroulée sur 1 tour 1/2 également appelée « grande trompe ». Elle fut crée par la Marquis de Dampierre, Grand veneur et capitaine des menus plaisirs du roi Louis XV en août 1723. Son grand diamètre de 0,72 mètre permettait de l’enfiler en sautoir sans enlever les majestueux chapeaux couverts de plumes. Puis, en l’honneur de la naissance du Dauphin de France, fils de Louis XV, une nouvelle trompe, enroulée sur 2 tours 1/2, dite trompe « Dauphine » également appelée « demi-trompe » fut créee par Lebrun en 1729, mais pas exactement dans le ton de la précédente. Son diamètre variant entre 0,50 mètre et 0,57 mètre était parfaitement adapté au pot du « tricorne » imposé sous Louis XV. Enfin, en 1818, le duc d’Orléans importe la mode anglaise et fait disparaître du même coup le pot des tricornes et bicornes en imposant pratiquement le pot de la « toque » également appelée « cape », et qui est  toujours portée de nos jours. C’est certainement « Chrétien » et « Raoux » qui partagent l’honneur d’avoir créé une trompe enroulée sur 3 tours 1/2. Il s’agit de la trompe de type « Périnet » au diamètre de 0,45 mètre, toujours employée de nos jours.  Ainsi, depuis Louis XV, l’instrument n’a absolument pas été modifié dans sa tonalité accordée en ré-mineur, ni dans sa longueur, qui est de 4 mètres 45. Aujourd’hui, cet instrument est sorti de son domaine, et on entend de nombreuses sociétés de trompe qui se donnent pour mission de préserver le patrimoine de nos anciens et de chercher à connaître et à révéler les beautés d’un instrument au timbre admirable et plein de charme et de chaleur. Ces sociétés sont regroupées au sein de la Fédération Internationale des Trompes de France.

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