BOMBARDE

1°) L’histoire de l’instrument

La bombarde est un instrument de musique a vent a anche double de la famille des hautbois, employé dans la musique bretonne. Le mot « bombarde » provient du latin bombus, signifiant « bourdonnement » ou « bruit sourd ». En breton !’instrument s’appelle ar vombard ou an talabard. Un joueur de bombarde s’appelle un talabarder. Elle est traditionnellement associée au biniou pour former ce qu’on appelle un couple de sonneurs. On peut également en jouer au sein d’orchestres plus ou moins étoffés. Un pupitre de bombardes, associe a des percussions, des cornemuses et des caisses claires écossaises, forme un ensemble appelé bagad. La formule instrumentale bombarde-cornemuse a été très en vogue dans le Sud-Ouest de la Bretagne, avant d’être peu a peu concurrencée par !’apparition de nouveaux instruments populaires, notamment l’accordéon dans le dernier quart du XIXe siècle. L’apparition, au cours des décennies 1920-1930, de nouvelles pratiques festives va accélérer le déclin du couple biniou-bombarde, jusqu’à sa quasi-disparition à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La pratique de la bombarde conna1tra, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, un renouveau progressif. D’abord suscite par la multiplication des bagadou au cours des années 1950, ce renouveau sera également porté par le développement de la forme moderne du fest­noz et des concours de musique traditionnelle. Au cours des années 1960 a 1980, les travaux de collectage de la culture orale se sont intensifies et ont permis de recueillir les derniers témoignages de sonneurs de l’ancienne génération. Cette période a vu un regain d’intérêt pour le couple biniou-bombarde, qui a plus ou moins perduré jusqu’à nos jours. La bombarde n’est quasiment jamais employée seule car elle demande un effort physique nécessitant des temps de repos. Dans les formations récentes, la bombarde est très souvent accompagnée par l’orgue,instrument assez puissant pour permettre d’intégrer harmonieusement le niveau sonore de la bombarde.

2°) Facture de l’instrument

L’instrument se compose de trois parties :

  • le fût ou corps, légèrement conique, est percé de 6 ou 7 trous (ou plus avec l’ajout de clefs) en façade. II est tourné dans un bois dur, le buis, le poirier, le galac, le palissandre ou l’ébène, et peut être ornementé de cerclages en étain, de corne, de bois différents, ou même d’ivoire.
    • le pavillon, taille dans une autre pièce généralement du même bois, est de forme évasée, et reçoit l’extrémité inférieure du fût.
  • l’embouchure reçoit l’anche double (aujourd’hui en roseau, elle a pu être en buis, en écorce de ronce, voire en os bouilli), qui est pincée par les lèvres du talabarder.

La plus grande partie des instruments fabriqués avant 1940 est d’origine vannetaise ou cornouaillaise. Leur facture est le plus souvent artisanale. À partir des années 1950, le facteur Dorig Le Voyer fabrique, a !’usage des bagadous, des bombardes dont l’échelle se rapproche de celle de la cornemuse écossaise, qui est en sib myxolydien. L’essor des bagadou va peu a peu standardiser cette tonalité de sib. La bombarde soprano en sib est majoritairement utilisée par les bagadou. On peut cependant trouver des bombardes de toutes tonalites. La bombarde exige beaucoup de souffle et un talabarder peut rarement jouer longtemps. C’est pourquoi les phrases musicales sont courtes et répétées : la bombarde joue une phrase musicale, puis l’instrumentiste se tait (temps de récupération) pendant que d’autres instruments, ici l’orgue, répètent la phrase musicale. La bombarde a un son clair et puissant, qui porte loin. Le son de la bombarde, très caractéristique, est particulièrement puissant : le nombre de décibels pour un seul exécutant pouvant atteindre 105 à 110 décibels à !’embouchure, et 95 à 100 décibels entre 2 et 4 mètres.

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