Prog. 14 mai 2000
Edith BRUNO est originaire de Normandie. Sa passion pour le chant remonte à sa plus tendre enfance où déjà toutes les occasions l’invitaient à chanter. Plus tara, on la retrouve à Montmartre ou elle se produit régulièrement dans des cabarets. A partir des années 70, son itinéraire amène à interpréter les succès d’Édith PIAF. Avec ce nouveau répertoire qu’elle affectionne particulièrement, elle remporte de nombreux concours et anime des soirées. En 1982, elle participe à l’émission télévisée « Thé dansant » animée par Jacques MARTIN. C’est par le hasard des rencontres et le mélange d’expériences diverses que ce groupe quelque peu insolite a vu le jour. Emprunts classique, musette et variété se fondent le temps de ces chansons sous les doigts de Cécile HAYS (piano), Nadia PICHON (accordéon) et Jean-Marcel BUVRON (trompette).
Édith PIAF (1915-1963)
Dickens et Zola auraient pu unir leurs talents, ils auraient eu du mal à imaginer l’histoire d’Édith Giovanna Gassion qui voit le jour le 19 décembre 1915. Abandonnée par sa mère, son père, saltimbanque la confie à la tenancière d’un « claque » en Normandie jusqu’en 1922. Après quoi, elle suit son père de ville en ville. En 1930, affranchie de la férule paternelle, elle chante en duo avec Simone Berteaut son alter ego, son âme damnée… dans les rues et les casernes. En 1932, la voilà casée et enceinte. Maman en 1933, elle perdra son enfant en 1935. Découverte à l’automne de la même année par Louis Leplée, Figure des nuits parisiennes, elle fait les beaux soirs du « Gerny’s ». Elle enregistre dès la fin de l’année L’£ranger et Les mômes de la cloche. Marguerite Monnot lui écrit des chansons. En l 9S6, Leplée est assassiné. On subodore très vite une sordide affaire de mœurs. Le public met la Môme au ban de l’infamie. Elle passe cependant à Bobino et à l’Européen à la fin du printemps. Mais le disque et les scènes parisiennes ne peuvent nourrir une artiste débutante. Elle part à la conquête de la France profonde. A la fin de l’été, elle téléphone à Raymond Asso auquel elle a refusé Mon légionnaire. Après Leplée, il devient son nouveau mentor. A l’automne, elle décroche l’Alhambra. En janvier 1937, elle inscrit dans la cire deux titres d’Asso et Monnot : Mon légionnaire et Le fanion de la Légion. Puis elle retourne sur les planches à Bobino. Mais ce n’est pas assez pour Édith. Elle veut l’ABC, le plus prestigieux music-hall parisien.
Au printemps, le bastion tombe et le vent tourne. Elle triomphe à l’ABC. Dès l’automne on la réclame à nouveau à l’ABC, dont elle fait la tournée provinciale. En juin 1938, elle est à l’Européen puis enregistre C’est lui que mon cœur a choisi. La machine est lancée et c’est en montant sur les planches sans micro qu’on gagne le public. Elle est à Bobino fin 1938 et au printemps 1939. Quand la guerre éclate, Asso est mobilisé. Michel Elmer lui laisse une chanson avant de rejoindre le front, « L’accordéoniste ».
À la fin de l’hiver 1940, le couple se produit à Bobino avant de créer sur scène Le bel Indifférent de Jean Cocteau. Édith remonte sur les planches de l’Européen avec Paul Meurisse. Parallèlement les deux amants tournent dans Montmartre sur Seine avec Jean-Louis Barrault, Serge Reggiani, Georges Marchal, et participent à la revue de lABC. En 1941 ils sont à Bobino. Édith travaille maintenant avec Henri Contet, et au début de l’été fait l’Européen. En 1942 l’Occupation est difficile à vivre. Son amant du moment est le pianiste juif Norbert Glanszberg. À l’automne, Édith est à l’ABC.
En 1943, la France a touché le fond. Durant l’été, Édith se produit à Bobino et va chanter pour les prisonniers dans les Stalag. Elle les aide aussi à s’évader. C’est pendant cette période d’Occupation que Piaf rencontre les Compagnons de la chanson.
En 1944, le second conflit mondial touche à sa fin. Lou Barrier devient 1’iinprésario de Piaf, il décroche un premier contrat de deux semaines au « Moulin Rouge ». La première partie est assurée par Yves Montand. Piaf aimera Montand avec lequel elle joue le rôle qui va être désormais celui de sa vie : Pygmalion. Début 1945, Montansd est en vedette américaine de son tour de chant à l’Étoile. C’est un triomphe. Édith Piaf revient à l’Étoile puis à Bobino. Elle décide de quitter Polydor pou r Pathé. Elle part en tournée en Alsace. Quand elle rentre à Paris, un des Compagnons de la Chanson a succédé à Montand, « viré » pour cause de succès. Elle lui a beaucoup apporté, l’a imposé au cinéma dans Étoile sans lumière. Ce sont les Compagnons qu’elle va mettre maintenant sur la voie du succès. lls sont dans la même « écurie ». Pathé a décidé de mettre les moyens pour les imposer tout en relançant la carrière d’Édith. Avec eux, Piaf tourne Neuf garçons, un coeur et enregistre Les trois cloches. À l’occasion de l’interprétation scénique de cette chanson, Édith troque sa robe noire contre une robe longue bleu pâle. La chanson fait un triomphe.et se produit à l’Étoile ;
À l’automne 1949, Édith retourne au studio Pathé pour de nouvelles chansons, dont La vie en rose et se produit à l’Étoile avec les Compagnons. Elle fait son premier voyage aux USA et chante au « Constitution Hall ». En 1947, Plat est à nouveau à l’Étoile. Elle décide alors de repartit aux États-Unis avec les Compagnons. Ensemble ils chantent au Play House. Tout le succès est pour les Compagnons qui partent en tournée alors qu’Édith accepte de jouer son va-tout et de chanter au Versailles de New-York.
De retour en France à l’ABC au printemps 1945, Édith fait un nouveau triomphe, avant de repartir en juillet aux Etats- Unis où elle rencontre Michel Cerdan. Pour la première fois la chanteuse ne s’est pas amourachée d’un chanteur. Une chanson d’Édith Piaf se place en Angleterre dans le tout nouveau classement des petits formats. En 1919, Piaf triomphe à nouveau à l’ABC puis repart pour New-York. L’avion de Cerdan s’écrasera quand il voudra la rejoindre. Edith est brisée par la mort de Cerdan. Drogues et alcools vont devenir son refuge le plus sûr.
Début 1950, salle Pleyel, Piaf chante L’hymne à l’amour, chanson à la mémoire de Marcel. Après son nouveau tour de chant à l’ADU, elle enregistre plusieurs de ses chansons en anglais. Elle devient proche d’Eddie Constantine et, en 1951, revient au théâtre dans L petite Lily à l’ABC. Deux coureurs cyclistes, André Pousse et Toto Gérardin succèdent officiellement au bel Américain à Paris. Si elle enregistre ,/e hais les dimanches qu’Aznavour – encore peu connu – lui apporte, c’est qu’elle a envie de le mettre à sa disposition. En vain, Edith retourne en studio pour Jezebell, adapté par ce dernier. A la fin de l’année, elle se produit à l’ADC avant de tourner Paris chante toujours. En 1952, Edith convole avec le chanteur compositeur Jacques Pills et confie au micro de nouvelles œuvres pour la postérité comme Je t’ai dans la peau signé par Pills et son pianiste le futur Gibert Bécaud.
Juste avant de partir pour New York où elle se marie, elle tourne Boum sur Paris. En 1953, elle est à Miami et chante au Copa Cify Night. En juillet, rentrée à Paris, Gilbert Bécaud lui apporte des chansons. Elle réenregistre Les amants de Venise, Bravo pour le clown et Les Croix. Début. 1954, Piaf enregistre un futur classique La goualante du pauvre Jean et se produit successivement à l’Allhambra puis à Bobino avant de participer au tournage de Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry où elle chante Ca ira. Elle reprend ensuite Le Bel indifférent sur la scène du théâtre Marigny avec Jacques Pills. A l’automne, elle est à nouveau en studio pour entre autres Sous le ciel de Paris. Son répertoire oscille maintenant entre des chansons pathétiques puissantes et des chansons sentimentales plus légères.
Début 1955, Édith fait l’Olympia pour la première fois. Elle retourne à New-York, puis enregistre Les amants d’un jour et L’homme à la moto. Avant l’été, Édith fait salle comble à l’Olympia, avant de tourner dans Les amants de demain. Elle retraverse l’Atlantique et pendant onze mois va parcourir l’Amérique du nord au sud. Lorsque Piaf chante au Carnegie Halle de New-York, le public l’ovationne pendant sept minutes. En 1957, elle enregistre La foule. En 1958, ses succès récents et répétés lui permettent de rester à l’affiche de l’Olympia pendant trois mois avec Félix Marten. Ce dernier lui donne l’envie d’enregistrer Mon manège à moi. À peine Félix Marten mis sur les rails, elle l’abandonne pour un jeune artiste peintre américain, Douglas Davies.
À la fin du printemps 1959, elle enregistre Milord de Georges Moustaki. Ce dernier va lui donner son premier tube au hit anglais. Elle finira également n°3 en Italie et n° 1 en Allemagne et aux Pays-Bas. Avec Moustaki, à la fin de l’année, elle enregistre pour New-York elle s’effondre sur la scène du Waldorf Astoria. De retour en France, elle entreprend une nouvelle tournée.
En1960, Charles Dumont qu’elle a longtemps boudé lui apporte Non je ne regrette rien. La chanson triomphe rapidement dans toute l’Europe : N°1 du Hit des Pays-Bas, N°9 en ltalie. Fin 1960, elle enchaîne avec Mon Dieu, une autre chanson historique. Les succès signés Dumont lui permettent d’envisager l’Olympia avec sérénité. Elle y restera quatre mois jusqu’au printemps 1961. Elle triomphe grâce aux chansons de Dumont et met en boîte Exodus, la bande originale du film du même nom. Avant l’été, voi là que point un futur succès, les Amants.
En 1962, Édith rencontre Théo Sarapo qui lui donne l’énergie pour se remettre à travailler. Pendant leurs fiançailles, ils enregistrent À quoi ça sert l’amour et font l’Olympia peu après. Ils se marient à l’automne et sont à Bobino en hiver. Édith, fatiguée, est hospitalisée. Théo la conduit alors sur la côte mais elle rechute. Quand elle s’éteint le 11 octobre 1963, Sarapo, les yeux brouillés par les larmes, prend clandestinement la route vers Paris et ramène en voiture la dépouille mortelle. Piaf est inhumée le 14 octobre au cimetière du Père Lachaise. La Chanson enterre une étoile.