XI e et XII e siècles
A cette époque, se produisit un grand mouvement de restauration des bâtiments religieux.
Une femme pieuse, nommée Lézeline, entreprit la restauration du monastère pour y installer des moniales bénédictines ; « l’abbaye du Pré » fut créée, elle en devint la première abbesse vers 1090. Celle-ci mit en chantier une église abbatiale, de style roman, en forme de croix latine et dont les dimensions devaient en faire le troisième édifice religieux de la ville.
Les premiers travaux comprirent le chœur, le déambulatoire, le croisillon nord et sa chapelle avec un escalier d’accès à la crypte, la première travée du croisillon sud, la première travée de la nef avec ses bas-côtés.
Pour la seconde partie des travaux ce fut la réalisation de la dernière travée du croisillon sud, sur laquelle un campanile fut construit, puis la nef. Celle-ci, bien que réalisée en deux périodes (fort rapprochées, surtout repérables à l’extérieur) montre, malgré quelques différences, une grande unité.
Le plan ci-dessus représente ce qu’était alors cet édifice dans son intégralité. Il permet de voir que le chœur, ainsi que le transept sud, se trouvent légèrement inclinés vers la droite, rappel de la position de la tête du Christ en Croix.
Dans la nef, l’alternance est adoptée, colonnes monocylindriques et piliers cruciformes. Ce nouveau principe était destiné à assurer une meilleure répartition des charges occasionnées par l’ensemble de la charpente.
Cette disposition fut adoptée, à la même époque, dans l’église de SAN MINIATO près de Florence. Il a été pris en exemple par l’architecte et théoricien, Eugène Viollet-Le-Duc dans son « Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854/1868 – au mot travée », (M.D. Bot, page 15).
Au second niveau, existe un triforium. Au troisième niveau, les fenêtres sont en pleins cintres.
Les voûtes de la nef reposent sur des modillons, certains à têtes humaines (simple, double ou triple).
Les chapiteaux, ainsi que les bases des piliers, sont d’une grande diversité, (ceux du chœur, à double rinceaux, sont particulièrement intéressants). A l’extérieur, Viollet-le-Duc a également « étudié, sur les chapelles absidiales, les corniches surmontant les murs en roussard, pierre caractéristique du Maine« ,
Le portail, réalisé au XIIe siècle, a été conservé. Il comporte quatre voussures moulurées, ornées de pointes de diamant et de petits quatre feuilles ; de chaque côté huit colonnettes semi-engagées sont couronnées de chapiteaux corinthiens avec feuilles d’acanthes, sauf un où l’on peut deviner une chimère.
De nos jours, nous avons donc la possibilité d’admirer ce portail, car il a été intégré dans la nouvelle façade réalisée au XIXe siècle.
Cette abbaye de « Saint Julien du Pré » se développant, de nombreux bâtiments furent construits : cloître, boulangerie, étable, cave, grange, cours, lavoirs, jardins, … ainsi qu’un cimetière réservé aux moniales.
C’était un ensemble important qui semble avoir suscité des « ambitions« .