Prog. 3 avril 2022

L’ensemble vocal « Scherzando »
1ère Partie
Chants folkloriques d’Europe

1 – Pays basque – Agur jaunak –              Arrangement : Javier BUSTO (1949…)

Cette salutation est chantée lors de cérémonies particulières visant à accueillir ou honorer une personne chère, aussi bien en église qu’en extérieur, lors des fêtes de Bayonne ou de Dax par exemple : « Salut à vous ! Salut, salut ! Nous sommes tous créatures de Dieu, vous, et nous aussi. « 

2 – Andalousie – La Tarara                        Arrangement : Dante ANDREO (1949…). Cette célèbre chanson est née au XIXe siècle dans les campagnes de Castille, que Federico Garcia Lorca, qui l’avait retranscrite, chantait en public. Adaptée par les Républicains espagnols, censurée sous le régime de Franco, elle deviendra, après sa mort, un succès du Flamenco Nuevo.
Tarara a une robe blanche à pois rouges pour le Jeudi Saint… Tarara a un doigt malade que personne ne peut guérir… Tarara oui, Tarara non… Mère, Tarara, je l’emmène danser !

3 – Tchéquie (Moravie) – Okolo Hradišča             Arrangement : Jan MÀLEK (1938…) Autour de Hradišča coule une rivière, un garçon vient vers nous. Il m’apporte quelque chose, il m’apporte son amour, dans un mouchoir noué: “je t’ai aimée“.

4 – Albanie – Shkoj e vij flutrim si zogu    Arrangement : Fahri BEQIRI (1936…) Je vole alentour comme un oiseau et je pense tout le temps à toi. Je m’arrête à ta fenêtre pour te regarder. Ô, mon Amour, comme je t’aime ! S’il-te-plaît, laisse-moi te parler, ma vie est sans valeur sans toi.

5 – Allemagne – Da pacem, Domine              Melchior FRANCK (1580-1639) Ce compositeur extrêmement prolifique de musique d’église protestante a écrit en particulier des motets. Le texte de cette prière pour la paix a inspiré de nombreux compositeurs depuis plus de mille ans, jusqu’à Arvo Pärt en 2004 en hommage aux victimes des attentats de Madrid. Donne la Paix à notre temps, ô Seigneur !

6 – Royaume-Uni – The Bourne                Nicola LEFANU (1947…) Compositrice britannique, Nicola Lefanu a composé plus d’une centaine de partitions, incluant de nombreuses œuvres de musique de chambre, bien qu’elle ait une affinité particulière pour la voix – elle a d’ailleurs composé sept opéras. The Bourne est extrait d’un cycle pour chœur de femmes composé sur des poèmes de Christina Rossetti, une des plus importantes poétesses anglaises du XIXe siècle. Les voix s’ajoutent progressivement, encadrant et ombrageant doucement les contours envoûtants de la mélodie, nous transportant dans la mélancolie, la méditation et la profonde émotion des vers de Rossetti : Sous l’herbe qui pousse, Sous les fleurs vivantes, Plus profond que le bruit des averses : Là on ne comptera pas les heures Par les ombres qui passent.

Contrairement à l’immense majorité de son œuvre pour chœur, Les Nuits dans la montagne de Kodaly ne puisent dans aucune source populaire. Elles se singularisent par le parti pris de mettre de côté l’appui d’un texte en laissant les voix vocaliser sur une voyelle au choix. Dans cette exploration de la voix et de ses sonorités, le chœur est traité comme un instrument tour à tour résonnant et arborescent. On trouvera peut-être la source de ce titre énigmatique dans la jeunesse itinérante du compositeur, tandis qu’il suivait les nombreux changements de poste de son père cheminot dans les plaines de la campagne hongroise, « se languissant des montagnes » comme il l’écrivit à la fin de sa vie. Ces Nuits dans la montagne furent-elles l’accomplissement de l’imaginaire d’un enfant ? Ou plutôt les incantations sonores de celui que ses élèves surnommaient le « sorcier des montagnes » ? Composée le 7 janvier 1924, cette pièce est une subtile incantation à la nuit dévidant le calme lunaire d’une ample phrase aux voix d’altos

7 – Pays-Bas – Sanctus         Jacob CLEMENS NON PAPA (1500-1558) Compositeur lui aussi prolifique, Jacob Clemens non Papa pratiqua différents styles et genres issus de l’école franco-flamande. Il est surtout célèbre par ses harmonisations polyphoniques des psaumes néerlandais. La pièce chantée ici, articulée autour du seul mot Sanctus, est un canon à 5 voix, permettant à de lumineuses harmonies d’émerger progressivement lors de la superposition des voix.

8 – Hongrie – Nuit dans la montagne    Zoltán KODÀLY (1882-1967)

9 – Grèce – Syrtos Rhodou         Arrangement : Antony JIVKOV (1962…)

Le syrtos est une ancienne danse grecque en ligne ou en cercle, décrite dès le IIe siècle, et est encore dansé aujourd’hui dans toute la Grèce et ses îles. Cette pièce est une des nombreuses variantes du syrtos, un kalamatianos, associé traditionnellement à la culture locale des îles grecques, ici l’île de Rhodes, principale île du Dodécanèse. Le kalamatianos, danse nationale profondément populaire, aux accents parfois patriotiques, plus lent et plus majestueux que le syrtos, est écrit dans une mesure irrégulière à 7/8, c’est-à-dire en 3 + 2 + 2, avec un premier temps plus lent que les deux suivants.

Je quitte mon pays et mes yeux sont pleins de chagrin et de larmes, ô mon beau pays que j’aime tant. À l’étranger, je soupire douloureusement quand la nuit arrive, ô mon beau pays… Adieu, hautes montages et plateaux de forêts, ô mon beau pays…

10 – Suède – Sommarpsalm     Waldemar ÅHLÉN (1894-1982)

Waldemar Åhlén était organiste, professeur de musique et compositeur à Stockholm. Ses œuvres les plus célèbres comprennent des sonates pour piano, des pièces pour orgue, des mélodies avec piano et des hymnes liturgiques. Il compose en 1933 une mélodie aujourd’hui célèbre « En vänlig grönskas rika dräkt » sur un texte du poète suédois Carl David af Wirsén de 1889. En 1986, cette mélodie intègre le livre de psaumes officiel de l’Église luthérienne suédoise, et a été notamment chantée lors du mariage de la princesse héritière Victoria de Suède en 2010.Un riche manteau, d’un vert aimable, a recouvert les vallées et les prairies. (…) Et la lumière du soleil, et le bruit du bosquet, et le murmure des vagues parmi les saules, proclament l’heure d’été. (…) Un hymne de joie et d’espoir monte des chants joyeux, des fleurs et des arbres. (…) Mais la chair est comme l’herbe, et les fleurs meurent, et le temps passe, seule demeure la parole du Seigneur.

11 – États-Unis – Kin to Sorrow                Stephen PAULUS (1949-2014)

Stephen Paulus, diplômé de l’université du Minnesota en 1979, est compositeur en résidence tour à tour des orchestres d’Atlanta, du Minnesota, de Tucson et d’Annapolis. Il écrit douze opéras et de très nombreuses œuvres pour chœur, dont To Be Certain of the Dawn, oratorio sur l’Holocauste, et le Pilgrims’ Hymn chanté aux funérailles des présidents Reagan et Ford. L’œuvre Kin to Sorrow a été composée en 2006, pour la conférence nationale de la Fédération Nationale des Sociétés Musicales, sur un texte d’Edna St. Vincent Millay (1892-1950), poétesse et dramaturge américaine, récompensée du prix Pulitzer de la poésie en 1923.  

Suis-je semblable au chagrin que si souvent tombe le heurtoir de ma porte— ni fort ni doux, Mais depuis longtemps habitué, sous la main du chagrin ? Des soucis autour de la marche Et un pied de romarin, vient alors le chagrin — Et le chagrin s’inquiète-t-il du romarin ou des soucis ? Suis-je semblable au chagrin ? Sommes-nous semblables ? Que si souvent à ma porte —Oh, entre-donc !

2ème Partie

Requiem de Fauré (version pour chœur de femmes et Grand-Orgue)

Bien loin de la version pour orchestre symphonique – dite version de 1901 – le Requiem de Fauré a été à l’origine composé pour un orchestre de chambre, comprenant quelques cordes graves (enrichies d’un violon solo pour le Sanctus), une harpe et un orgue, pour les cérémonies de l’église de La Madeleine à Paris où Fauré était maître de chapelle puis organiste entre 1877 et 1905. Sa composition semble ne répondre ni à un plan préétabli ni à des circonstances particulières : « Mon Requiem a été composé pour rien… pour le plaisir si j’ose dire », écrivait alors Fauré en 1910. En effet, alors quel’essentiel du Requiem a été écrit à l’hiver 1887-1888, l’Offertorium et le Libera me, les deux mouvements requérant un solo de baryton, avaient été composés dix ans auparavant, notamment lors de fiançailles malheureuses avec Marianne Viardot, fille de la cantatrice et compositrice Pauline Viardot. Alors que les cinq mouvements originaux du Requiem avaient été interprétés pour la première fois en janvier 1888 à l’occasion du décès d’un paroissien, architecte renommé en son temps, ce n’est qu’en janvier 1893 qu’eut lieu la première exécution complète des sept sections du Requiem, sous la baguette de Fauré, à l’occasion d’une cérémonie organisée à La Madeleine en souvenir de la mort de Louis XVI. Le propos de Fauré, dans ce Requiem, est de sortir du « convenu » et d’avoir « voulu faire autre chose ». Il prend ainsi de nombreuses libertés avec le texte original de la Missa pro defunctis. Certaines coupes de texte d’un côté, certains ajouts d’un autre (Libera me, In Paradisum), montrent que Fauré ne souhaitait pas s’adresser à la seule communauté des croyants mais qu’il visait une portée universelle en livrant sa conception de la mort,
« comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà ». À la fin de sa vie, il reconnaît avoir mis dans ce Requiem tout ce qu’il a pu posséder d’illusion religieuse, « la confiance dans le repos éternel. »

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L’ensemble vocal « Scherzando »

Le chœur de femmes Scherzando est né en 2002 sous l’impulsion de quelques choristes et du chef de chœur actuel Boris Bouchevreau. Basé au Mans (Sarthe), cet ensemble vocal féminin est actuellement composé de douze choristes, toutes amateures. Le chœur souhaite faire découvrir le répertoire vocal féminin, moins connu du public, pourtant riche et varié. Il se produit ainsi soit en formation a cappella, soit accompagné de divers instrumentistes, dans un répertoire aussi bien sacré que profane allant du XIIIe au XXIe siècle.

Boris BOUCHEVREAU, chef de chœur

Originaire du Mans, c’est dans cette ville que Boris Bouchevreau débute ses études musicales (formation musicale, piano, orgue, écriture, analyse, chant choral). Parallèlement à un cursus scientifique universitaire qui l’amène aujourd’hui à enseigner en lycée, il poursuit sa formation musicale en région parisienne en étudiant, entre autres, le piano avec Édouard Exerjean et l’orgue avec Éric Lebrun. Il obtient un 1er prix de perfectionnement en orgue dans la classe d’Éric Lebrun au Conservatoire Régional de Saint Maur-des-Fossés ainsi que trois prix du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en analyse musicale, harmonie et contrepoint. Passionné par le chant choral, il dirige le chœur de femmes Scherzando depuis sa création en 2002.

Liesbeth SCHLUMBERGER, orgue

Originaire d’Afrique du Sud, Liesbeth Schlumberger commence ses études d’orgue avec Stephan Zondagh à l’université de Pretoria. En 1987, elle vient se former en France auprès de Marie-Claire Alain pour l’orgue et d’Huguette Dreyfus pour le Clavecin au Conservatoire de Rueil-Malmaison. Elle se perfectionne au Conservatoire National de Région de Lille auprès de Jean Boyer et suit également les cours d’improvisations auprès de Jean Langlais. Liesbeth Schlumberger remporte le concours National de la Radio d’Afrique du Sud (SABC) en 1985, puis le concours International d’Orgue de Bordeaux en 1989. En 1994, elle devient titulaire à Paris des Grandes Orgues de l’Église Réformée de l’Etoile, et y poursuit l’organisation des concerts « Les Dimanches Musicaux ». En 1996, elle est nommée assistante de Jean Boyer, professeur d’orgue au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon. Depuis 2005, elle poursuit cette activité auprès de François Espinasse. Depuis Septembre 2015, elle est nommée professeur-invité à l’Université de Bloemfontein en Afrique du Sud.




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