Prog. 12 octobre 2008

André LE MEUT, bombarde

Né d’une famille rurale nombreuse de dix enfants, c’est l’écoute de couples de sonneurs qui révèle au jeune André LE MEUT sa vocation de musicien. Il commence à sonner en empruntant en cachette la bombarde de son frère qui lui propose d’apprendre le biniou. Alors âgé de quatorze ans, André se produit en fest-noz et dans les fêtes locales. De plus en plus sollicité pour élaborer le répertoire, il en devient le sonneur (penn) en 1991 et conserve ce poste de chef d’orchestre jusqu’en 2005. Lors des concours, il conduit le bagad plusieurs fois au titre de champion de Bretagne.  Il devient progressivement un talabarder connu dans sa région. Il obtient en 2001 le DEM (Diplôme d’études musicales), le DE (Diplôme d’État) de musique traditionnelle en 2004, puis en 2011 le CA (Certificat d’Aptitude à l’enseignement de musique traditionnelle). Depuis 2005, il travaille aux archives départementales du Morbihan à la valorisation d’archives manuscrites et sonores relatives au répertoire sonné et chanté du pays. André Le Meut a toujours sonné en couple. Après le décès de son acolyte Hervé Rivière, organiste musicologue qui a renforcé son bagage musical, il s’associe avec l’organiste Philippe Bataille, qu’il a rencontré en 2000, et enregistre avec lui deux CD.

Philippe BATAILLE,orgue

Philippe BATAILLE est ne en 1964 au Mans. II commence l’orgue avec Felix MOREAU, organiste de Ia Cathédrale de Nantes. II poursuit ses études avec Gaston LITAIZE au Conservatoire National de Région de Saint-Maur-des-Fossés ou ii obtient un Premier Prix d’orgue en 1987. II se perfectionne ensuite avec Marie-Claire ALAIN au C.N.R. de Rueil-Malmaison et est récompensé par un Premier Prix à l’unanimité en 1991, le· Prix d’excellence en 1992 et le Prix de Virtuosité en 1993.Titulaire du Diplôme d’État depuis 1995, II enseigne au Conservatoire à Rayonnement Départemental (CRD) du Mans depuis 1997. II enseigne l’orgue à l’école de musique de l’Orée de Bercé-Bélinois. II poursuit sa formation et travaille le chant, le clavecin et la basse continue. Depuis 1997, ii est Organiste Titulaire du Grand Orgue Historique (1775) de l’église Saint-Cornely de Carnac. Depuis 2008, il est aussi Organiste Titulaire du Grand Orgue de la basilique Saint Martin de Tours. Concertiste, il se produit très fréquemment seul  ou  au sein de diverses formations comme soliste ou continuiste. Ses récitals lui permettent de jouer des instruments prestigieux tels que : Notre-Dame de Paris, la Madeleine, Saint Roch ainsi que dans de nombreuses cathédrales françaises, et à l’étranger.

La BOMBARDE

1°) L’histoire de l’instrument

La bombarde est un instrument de musique a vent a anche double de la famille des hautbois, employé dans la musique bretonne. Le mot « bombarde » provient du latin bombus, signifiant « bourdonnement » ou « bruit sourd ». En breton !’instrument s’appelle ar vombard ou an talabard. Un joueur de bombarde s’appelle un talabarder. Elle est traditionnellement associée au biniou pour former ce qu’on appelle un couple de sonneurs. On peut également en jouer au sein d’orchestres plus ou moins étoffés. Un pupitre de bombardes, associe a des percussions, des cornemuses et des caisses claires écossaises, forme un ensemble appelé bagad. La formule instrumentale bombarde-cornemuse a été très en vogue dans le Sud-Ouest de la Bretagne, avant d’être peu a peu concurrencée par !’apparition de nouveaux instruments populaires, notamment l’accordéon dans le dernier quart du XIXe siècle. L’apparition, au cours des décennies 1920-1930, de nouvelles pratiques festives va accélérer le déclin du couple biniou-bombarde, jusqu’à sa quasi-disparition à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La pratique de la bombarde conna1tra, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, un renouveau progressif. D’abord suscité par la multiplication des bagadous au cours des années 1950, ce renouveau sera également porté par le développement de la forme moderne du fest­noz et des concours de musique traditionnelle. Au cours des années 1960 a 1980, les travaux de collectage de la culture orale se sont intensifies et ont permis de recueillir les derniers témoignages de sonneurs de l’ancienne génération. Cette période a vu un regain d’intérêt pour le couple biniou-bombarde, qui a plus ou moins perduré jusqu’à nos jours. La bombarde n’est quasiment jamais employée seule car elle demande un effort physique nécessitant des temps de repos. Dans les formations récentes, la bombarde est très souvent accompagnée par l’orgue,instrument assez puissant pour permettre d’intégrer harmonieusement le niveau sonore de la bombarde.

2°) Facture de l’instrument

L’instrument se compose de trois parties :

  • le fût ou corps, légèrement conique, est percé de 6 ou 7 trous (ou plus avec l’ajout de clefs) en façade. II est tourné dans un bois dur, le buis, le poirier, le galac, le palissandre ou l’ébène, et peut être ornementé de cerclages en étain, de corne, de bois différents, ou même d’ivoire.
  • le pavillon, taille dans une autre pièce généralement du même bois, est de forme évasée, et reçoit l’extrémité inférieure du fût.
  • l’embouchure reçoit l’anche double (aujourd’hui en roseau, elle a pu être en buis, en écorce de ronce, voire en os bouilli), qui est pincée par les lèvres du talabarder.

La plus grande partie des instruments fabriqués avant 1940 est d’origine vannetaise ou cornouaillaise. Leur facture est le plus souvent artisanale. À partir des années 1950, le facteur Dorig Le Voyer fabrique, a !’usage des bagadou, des bombardes dont l’échelle se rapproche de celle de la cornemuse écossaise, qui est en sib myxolydien. L’essor des bagadou va peu a peu standardiser cette tonalité de sib. La bombarde soprano en sib est majoritairement utilisée par les bagadou. On peut cependant trouver des bombardes de toutes tonalités. La bombarde exige beaucoup de souffle et un talabarder peut rarement jouer longtemps. C’est pourquoi les phrases musicales sont courtes et répétées : la bombarde joue une phrase musicale, puis l’instrumentiste se tait (temps de récupération) pendant que d’autres instruments, ici l’orgue, répètent la phrase musicale. La bombarde a un son clair et puissant, qui porte loin. Le son de la bombarde, très caractéristique, est particulièrement puissant : le nombre de décibels pour un seul exécutant pouvant atteindre 105 à 110 décibels à !’embouchure, et 95 à 100 décibels entre 2 et 4 mètres.

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