Prog. 11 octobre 2020
VARIATIONS TSIGANES AUTOUR DES QUATRE SAISONS DE VIVALDI
(Antonio VIVALDI – 1678-1741)
1ère Partie
Concerto no 1 en mi majeur, op. 8, RV 269, « La primavera » (Le Printemps) | |
1 – Allegro en mi majeur, à quatre temps | Voici le Printemps, Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux.Et les fontaines, au souffle des zéphyrs, Jaillissent en un doux murmure. Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage. Enfin, le calme revenu, les oisillons Reprennent leur chant mélodieux. |
2 – Largo en do dièse mineur, à trois temps | Et sur le pré fleuri et tendre, Au doux murmure du feuillage et des herbes, Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds |
3 – Allegro en mi majeur à quatre temps | Au son festif de la musette Dansent les nymphes et les bergers, Sous le brillant firmament du printemps. |
Concerto no 2 en sol mineur, op. 8, RV 315, « L’estate » (L’Été) | |
1 – Allegro non molto Allegro en sol mineur à trois temps | Sous la dure saison écrasée de soleil,Homme et troupeaux se languissent, et s’embrase le pin.Le coucou se fait entendre, et bientôt d’une seule voixChantent la tourterelle et le chardonneret.Zéphyr souffle doucement, mais, tout à coup,Borée s’agite et cherche querelle à son voisin.Le pâtre s’afflige, car il craint L’orage furieux, et son destin. |
2 – Adagio – Presto – Adagio en sol mineur à quatre temps | À ses membres las, le repos est refusé : La crainte des éclairs et le fier tonnerre Et l’essaim furieux des mouches et des taons. |
3 – Presto en sol mineur à trois temps | Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies, Le ciel tonne et fulmine et la grêle Coupe les têtes des épis et des tiges |
2ème Partie
Concerto no 3 en fa majeur, op. 8, RV 293, « L’autunno » (L’Automne) | |
1 – Allegro en fa majeur à quatre temps | Par des chants et par des danses, Le paysan célèbre l’heureuse récolte Et la liqueur de Bacchus Conclut la joie par le sommeil. |
2 – Adagio molto en ré mineur à trois temps | Chacun délaisse chants et danses : L’air est léger à plaisir, Et la saison invite Au plaisir d’un doux sommeil. |
3 – Allegro en fa majeur à trois temps | Le chasseur part pour la chasse à l’aube, Avec les cors, les fusils et les chiens. La bête fuit, et ils la suivent à la trace.Déjà emplie de frayeur, fatiguée par le fracas des armesEt des chiens, elle tente de fuir, Exténuée, mais meurt sous les coups. |
Concerto no 4 en fa mineur, op. 8, RV 297, « L’inverno » (L’Hiver) | |
1 – Allegro non molto en fa mineur à quatre temps | Trembler violemment dans la neige étincelante, Au souffle rude d’un vent terrible,Courir, taper des pieds à tout moment Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents. |
2 – Largo en mi bémol majeur à quatre temps | Passer auprès du feu des jours calmes et contents,Alors que la pluie, dehors, verse à torrents. |
3 – Allegro en fa mineur à trois temps | Marcher sur la glace, à pas lents, De peur de tomber, contourner,Marcher bravement, tomber à terre, Se relever sur la glace et courir viteAvant que la glace se rompe et se disloque. Sentir passer, à travers la porte ferrée,Sirocco et Borée, et tous les Vents en guerre.Ainsi est l’hiver, mais, tel qu’il est, il apporte ses joies. |
Le quatuor ACCORDO
Avec son quatuor « Accordo », Liviu Badiu revisite le célèbre concerto de Vivaldi. La relecture des Quatre saisons devrait être ébouriffante. Le violoniste classique et tzigane Liviu Badiu interpréte en effet Variations tsiganes autour des Quatre saisons en compagnie de son Quatuor « Accordo », composé de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle. Liviu, d’origine tsigane et qui a appris son instrument avec son père, puis au Conservatoire de Bucarest, va mêler à la rigueur d’un bagage classique, l’inspiration et les envolées de la musique tsigane. Voilà qui devrait bien aller à ce concerto déjà si pétillant de Vivaldi. Liviu Badiu, qui mène de front une carrière de musicien classique, de compositeur de jazz et de musique tsigane, est donc un mélangeur de genres.
LIVIU BADIU, 1er violon
Né à Bucarest, en Roumanie, Liviu BADIU débute l’étude du violon à l’âge de cinq ans avec son père alors violoniste à l’orchestre national de Moldavie. De 1987 à 1994, Liviu poursuit ses études au conservatoire de Lasi puis à celui de Buzau. En 1994, il reçoit le 2e prix à l’Olympiade Nationale de Roumanie à Suceava, puis il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Bucarest qui lui décerne un 1er prix de violon en 1999. A partir de 2000, Liviu travaille son instrument en France au conservatoire de Cachan. Il y reçoit une médaille d’or en violon et en musique de chambre. Il se perfectionne avec divers violonistes de renom dont Ivry Gitlis ou encore Didier Lockwood. Il se produit au sein de nombreux orchestres et, en 2005, il crée le quatuor « Accordo » avec lequel il fait de nombreuses tournées de concerts en France. Musicien hors pair au parcours atypique, il mène une vie d’artiste à l’image de son tempérament, oscillant entre passion fougueuse et poésie intérieure.
PAULINE DAILLY, 2ème violon
Pauline DAILLY débute le violon à 6 ans au Conservatoire du Mans, sa ville natale. De 2009 à 2011, elle se perfectionne auprès de Jean Lénert à la Schola Cantorum, à Paris, avant d’intégrer le Pôle Supérieur de Musique et Danse de Poitou-Charentes. Elle y obtient sa licence de musicologie, sa licence d’interprète (DNSPM) et son Diplôme d’État. Depuis, elle se passionne pour l’enseignement sans pour autant délaisser sa pratique instrumentale. Elle enseigne en Sarthe et en Mayenne (au Conservatoire d’Évron) et se produit régulièrement au sein de différents ensembles dans ces deux départements (Ensemble Cénoman, Orchestre des Concerts du Mans, Ensemble Instrumental de la Mayenne, Ensemble Volubilis…). En parallèle, grâce à son association « Au Chevet de la musique », elle développe des actions en faveur de publics empêchés, pour mener la musique jusque dans les hôpitaux ou les EHPAD.
JÉROME CAPITAN, alto
Premier Prix d’alto dans la classe de Corinne Chevauché et 1er Prix de musique de chambre auprès de Marie-Thérèse Grisenti (Quatuor Arpeggione), Jérome CAPITAN a bénéficié de l’enseignement de Florin Szigeti (Quatuor Enesco) et du Quatuor Ysaÿe. Il enseigne actuellement au CRD de Montreuil et donne de très nombreux concerts au sein de différentes formations (Orchestre Colonne, Les Musiciens du Valois, Ensemble Anthémis…). Musicien aimant la rencontre des arts, il collabore fréquemment avec des comédiens et fait partie du collectif d’artistes « Le Murmure des bancs ». Il fait également partie de l’ensemble de musique des Balkans Kalynda et est membre du quatuor « Accordo » qui mêle de manière originale musique classique et musique tzigane.
GRÉGOIRE CATELIN, violoncelle
Né à Paris en 1977, Grégoire CATELIN a pour professeurs les violoncellistes Kveta Reznicek, Thérèse Pollet, à Paris, et Lluis Claret à l’Ecole Supérieure de musique de Catalogne à Barcelone. Après des études d’architecture, il se tourne vers la musique et obtient un D.E. d’enseignement du violoncelle. Son goût pour des univers musicaux très différents l’amène à travailler avec des personnalités de tous horizons : il joue avec les pianistes Tomohiro Hatta, Etté Kim, Michel Maurer, Knut Jacques. Dans son parcours, il a la chance de rencontrer les compositeurs Noël Lee, Michel Merlet, Elzbieta Sikora, Jesus Navarro… Il collabore avec les musiciens malgaches Erik Manana, Lalatiana (3 albums : 2010, 2012 et 2016), joue avec le guitariste brésilien Rômulo Gonçalvès (album « Brasa Ocre » paru en 2012), avec le Jean Lapouge Trio (album « Plein air » paru en 2014, nouvel album en juillet 2016), et du SandJazz Quartet (album éponyme salué par FIP). Il forme un duo depuis 2010 avec la pianiste Philippa Neuteboom avec laquelle il accède à la finale du Concours « Humanis – Musique au Centre » (2015). Actuellement, il enseigne au conservatoire de Montreuil (93).
LES QUATRE SAISONS
Les Quatre Saisons (titre original italien : Le quattro stagioni) est le nom donné aux quatre concertos pour violon, composés par Antonio Vivaldi (1678-1741), Opus 8, no 1-4, qui ouvrent le recueil Il cimento dell’armonia e dell’invenzione — « La confrontation entre l’harmonie et l’invention ». L’opus 8 de Vivaldi a été édité en 1725 à Amsterdam, mais la composition de ces quatre concertos est antérieure de plusieurs années. L’œuvre connut un grand succès dans toute l’Europe notamment à Londres et à Paris où les concertos furent interprétés au début de l’année 1728 au Concert Spirituel. Cette œuvre est l’une des plus connues du genre « concerto », et surtout, de la totalité des compositions de Vivaldi.
Un des thèmes du « Printemps » (1er Concerto)
Et un thème de l’Été (2ème concerto)
L’œuvre est accompagnée de quatre sonnets attribués à Vivaldi décrivant le déroulement des saisons, sonnets que vous trouvez dans la 1ère page du programme. Sur la partition, le compositeur précise les correspondances avec les poèmes, explicitant même certains détails (aboiements de chien, noms d’oiseaux : coucou, tourterelle, pinson…). En 2020, il en existe environ 1000 versions différentes depuis le premier enregistrement, faisant état de divers arrangements (notamment en jazz) et transcriptions (piano, orgue, harpe, guitare, flûte, accordéon, synthétiseur pour les plus courantes), voire de recomposition complète comme celle de Max Richter en 2012. Certains violonistes, chefs d’orchestre, ou formations ont interprété et enregistré plusieurs fois cette œuvre depuis les années 1960 (Carmirelli, Accardo, Zukerman, Menuhin, Mutter, Sporcl, Kennedy, Karajan, Wallez, Scimone…). La palme revient à Jean-François Paillard qui l’a enregistrée six fois, et donnée 1480 fois en concert. La première interprétation publique, après le XVIIIe siècle, daterait de 1921 et le premier enregistrement de 1939 (Campoli, suivi en 1942 par Molinari). Mais il faudra attendre 1948 (Louis Kaufman dirigé par Henry Swoboda – grand prix du disque en 1950) pour que les Quatre Saisons soient réellement connues du public, avant de devenir une des œuvres les plus jouées au monde.