Prog. 12 février 2017

PROGRAMME
1ère Partie

The spirite of musicke extrait de The First Part of AyresTobias HUME (1569-1645)
“Recercar sopra il canto fermo di costancia festa & per sonar all’arpa”  Ascanio MAYONE (1570-1627)
“Io son ferito ahi lasso” diminution d’après le madrigal de PalestrinaGiovanni BASSANO (1558-1617)
“Fantasia”Daniel BACHELER (1572-1619)
“Death and Life” extrait de The First Part of AyresTobias HUME (1569-1645)

2ème Partie

“So parted you” extrait des Songs of MourningGiovanni COPERARIO (1570-1626)
“Toccata”Giovanni Maria TRABACI (1575-1647)
“Alas poore man” extrait de The First Part of AyresTobias HUME (1569-1645)
“Sound out my voice”  diminution d’après le madrigal de PalestrinaAlfonso FERRASBOSCO II (1575-1628)
“Fain would I change that note”  extrait de The First Part of Ayres  Tobias HUME (1569-1645)

Ensemble « DuoLuo »

Composé de Louise BOUEDO-MALLET à la viole de gambe et de Marie-Domitille MUREZ à la harpe triple, l’ensemble « DuoLuo » naît en 2015 d’une rencontre musicale et humaine entre deux musiciennes issues du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Lyon, et particulièrement entre une viole de gambe et une harpe triple. Ce duo s’emploie à faire découvrir la musique ancienne autrement, en proposant des concerts thématisés et originaux tant dans les pièces choisies que dans la manière de les aborder. Enfin, dans cette idée de découverte ou de voyage à travers la musique ancienne, les concerts de « DuoLuo » sont parcourus d’un fil rouge explicatif, ou anecdotique qui met en lumière le propos musical. Italie, XVIe siècle : Les meurtrières médiévales se sont ouvertes en de grandes fenêtres renaissantes, et de ces ouvertures, la musique se libère et voyage… Le courant humaniste emmène musique et musiciens vers d’autres cours, et notamment en Angleterre. Outre-Manche, l’influence italienne est ambiguë, entre hostilité et profonde attirance pour ce pays, l’élite anglaise voyage vers l’Italie pour parfaire son éducation musicale. De ces échanges naît une musique métissée, extraordinairement riche, quelque part entre l’Italie, et l’Angleterre… À travers des pièces écrites pour leurs instruments, mais aussi des transcriptions inédites, « DuoLuo » vous propose un programme autour de deux figures musicales témoignant de l’inter-influence entre Italie et Angleterre à la fin du XVIIe et au début du XVIIe siècle : Giovanni Coperario et Alfonso Ferrabosco II. Le premier, John Copper, est né anglais et italianise son nom, le second est d’origine italienne mais vit en Angleterre. Les œuvres de ces deux compositeurs se mêlent à des pièces contrastées mettant en regard les styles italiens et anglais.

Louise BOUEDO-MALLET, viole de gambe

Louise Bouedo-Mallet obtient un DEM (Diplôme d’Études Musicales) au CRR d’Annecy en 2011, et entre en 2012, âgée de 19 ans, au CNSMD de Lyon dans la classe de Marianne Muller où elle obtient un DNSPM (Diplôme national supérieur professionnel du musicien) mention très bien. Elle y découvre parallèlement la vièle à archet et étudie la musique des XIVe et XVe siècles auprès de Pierre Hamon, Angélique Mauillon, et Anne Delafosse. Par ailleurs, Louise reçoit ponctuellement l’enseignement de différents violistes tels que Jordi Savall, Paolo Pandolfo, Guido Balestracci et Emmanuelle Guigues, qui nourrissent et enrichissent son parcours musical. Louise aime élargir son champ de possibilités musicales en côtoyant l’univers de la création contemporaine, de la pop (lors d’un projet avec Émilie Simon) et du jazz. Elle s’ouvre également à la pluridisciplinarité, notamment en mettant en regard la musique et le théâtre. Elle se joint en septembre 2014 au Collectif de l’Âtre pour la création du spectacle « Histoire d’eaux » inspiré du roman de Fabienne Kanor, Humus. Ce spectacle, né en Martinique, retrouvera les scènes d’outre-mer et découvrira les scènes métropolitaines lors de la saison 2016/2017. Louise a l’occasion de se produire en France et à l’étranger au sein de formations diverses (Festival Radio France de Montpellier, Festival Toulouse les Orgues, Festival Bozar au Palais des Beaux-arts de Bruxelles, Fonds Saint Jacques en Martinique). Elle joue notamment avec le duo « DuoLuo », le trio « L’Archivolte », « Emelthée », « Alkymia »,
« Calliope », ou encore « Vesmir » avec lequel elle mêle la musique médiévale et les arrangements contemporains. Parallèlement, elle enseigne la viole de gambe au CRR de Lyon.

Marie-Domitille MUREZ, harpe ancienne

Actuellement en Master de harpes anciennes au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, Marie-Domitille MUREZ débute la harpe moderne au conservatoire de Chatou, puis poursuit ses études au CRR de Lyon dans la classe de Christophe Truant. Par la suite, elle intègre le CNSMD de Lyon où elle suit l’enseignement de Fabrice Pierre, et obtient son DNSPM en 2014. Marie-Domitille pratique la musique ancienne, d’abord au CRR de Tours où elle découvre la harpe triple, puis en 2012, elle entre dans la classe de harpes anciennes d’Angélique Mauillon au CNSMD de Lyon. Sa passion pour cet instrument ne cesse de croître. Aussi, a-t-elle décidé de consacrer tout son temps à la découverte de ce répertoire, et de partager son travail entre la harpe triple et la harpe gothique. Elle se perfectionne ainsi en musique médiévale, pour laquelle elle reçoit les conseils de Pierre Hamon et d’Anne Delafosse. Son parcours l’amène également à travailler avec Mara Galassi en Italie et à Bâle. En 2015, elle obtient son DNSPM de harpes anciennes. Marie-Domitille se produit avec des ensembles tels que « Le concert d’Astrée » dirigé par Emmanuelle Haïm à l’opéra de Lille, l’opéra de Caen et le Theater an der Wien (Autriche), l’Ensemble « Céladon », Les motets de Genève, ou encore l’Ensemble « Pygmalion ». Durant l’été 2016, elle a participé au Festival de Radio France Montpellier.

Les violes de gambe…

La viole de gambe, ancêtre du violoncelle ? Non ! Au XVIe siècle, apparaissent simultanément les familles des violons et des violes… Une naissance espagnole pour les violes, italienne pour la famille des violons. Ces deux familles d’instruments, ainsi que les guitares, sont issues d’un ancêtre commun nommé « vièle ». Qu’ils soient à cordes frottées comme la famille du violon ou celle des violes de gambe, ou à cordes pincées tels que la guitare ou le luth, tous ces instruments présentent alors des similitudes dues à leur ancêtre commun, mais présentent également des différences ! Ainsi, frettée comme une guitare et en comportant le même nombre de cordes (six), mais se jouant à l’archet comme le violon, la viole de gambe représente une forme de synthèse, ou de lien entre trois familles cousines : celles du violon, de la guitare et de la viole de gambe. La famille des violes de gambe, une famille nombreuse… Comme la famille du violon qui compte le violon, l’alto, le violoncelle et la contrebasse, les violes de gambe forment une famille de six instruments : le pardessus, le dessus, l’alto, le ténor, la basse et la contrebasse de viole (nommée également violone). Quelle qu’en soit la taille, la viole se tient entre les jambes (« da gamba ») et le violiste peut jouer les différentes tailles. Ce soir, vous aurez l’occasion de découvrir deux instruments de cette famille : la basse de viole, qui est l’instrument le plus joué, car il comprend le répertoire le plus large. Vous entendrez également le dessus de viole.

Un répertoire parcourant près de 300 ans de musique !

Le violiste endosse au fil de sa vie musicale des rôles variés, alternant entre un rôle de basse d’archet, c’est-à-dire d’instrument accompagnant, et d’instrument concertant (en musique de chambre ou en soliste). Dans un rôle de soliste, d’accompagnant ou d’accompagné, vous entendrez ce soir les deux manières de jouer l’instrument : entre jeu mélodique, s’apparentant à celui d’un violon, et jeu polyphonique (en accords) à la manière d’un luth ou d’une guitare. Selon les siècles et les pays, le répertoire pour la viole est plus ou moins riche : du berceau espagnol depuis lequel la viole de gambe prend son essor au XVIe siècle, l’instrument et ses musiques s’exportent au XVIIe siècle en Italie, en Angleterre et en France où le musicien Sainte Colombe lui ajoute une septième corde. À la fin du XVIIe siècle puis jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, le répertoire violistique se développe en Allemagne et en Angleterre. Peu à peu, l’esthétique musicale changeant, les salles de concerts s’agrandissant, la viole de gambe ne peut rivaliser avec la puissance de la famille du violon et notamment du violoncelle. La pratique de l’instrument s’amenuise alors au moment de la Révolution française pour disparaître presque complètement pendant près de 150 ans. De nos jours, à travers de nouvelles classes remplies de jeunes élèves et des créations contemporaines, la viole de gambe prolonge son histoire, retrouvant un nouveau souffle !

Les harpes

La harpe au Moyen-Âge
La harpe est l’un des principaux instruments employés au Moyen-Âge et on la voit souvent représentée sur des tableaux ou des gravures, ce qui nous permet de les reproduire. C’est un petit instrument de moins d’un mètre qui possède une vingtaine de cordes et qui est utilisé du XIIe au XVe siècle. Elle est diatonique, c’est-à-dire qu’elle ne possède qu’une seule rangée de cordes et qu’il n’y a pas d’altérations possibles, sauf en raccourcissant les cordes soit à leur base soit au niveau de la console en effectuant une pression avec la main. Le répertoire adapté à cet instrument est peu connu, car la musique instrumentale de l’époque n’était quasiment pas notée. C’est donc grâce à un travail de recherche et d’expérimentations que nous définissons progressivement (ou réinventons peut-être ?) la musique qu’il était possible de jouer.    

La harpe double, puis triple
À la fin du XVIe siècle, en Italie, la harpe s’allonge et une deuxième rangée de cordes s’ajoute. C’est le début des harpes dites chromatiques, les altérations sont donc possibles à présent. En effet, grâce à l’ajout de cette deuxième rangée de cordes, les possibilités harmoniques augmentent et l’accompagnement s’enrichit, donnant ainsi à la « arpa doppia » un rôle primordial dans la musique de la Renaissance. La troisième rangée de cordes va progressivement apparaître au cours du XVIIe siècle afin d’agrandir encore les possibilités techniques. Il nous reste très peu d’instruments encore entiers de cette époque, et aucun n’est jouable, mais certaines rescapées du temps sont visibles dans des musées, en Italie notamment. Par exemple, la harpe de la famille Barberini qui se trouve à Rome est un instrument impressionnant : deux mètres de hauteur et une décoration abondante ! La harpe triple que vous entendrez aujourd’hui est presque aussi grande, mais est une reproduction d’un instrument du début du XVIe siècle, d’après cette peinture de Francesco Nuovolone. 

Francesco Nuovolone (1608-1651), La famille du peintre, Milan, Pinacoteca Brera

You may also like...