Historique de l’église
1 – Origine
Cet endroit, « Le Pré », ancien marécage où l’on faisait paître les troupeaux, situé hors les remparts de la ville, fut un lieu de sépulture païen. A l’origine du christianisme dans le Maine, les premières communautés chrétiennes firent en sorte d’y posséder un emplacement protégé pour leurs sépultures.
« Selon la légende », (A. Mussat, page 100) Julien, envoyé par le Pape pour évangéliser en Gaule le pays Cénoman (actuellement la région du Mans) « ayant fait jaillir une fontaine miraculeuse », convertit « le Défensor civitatis, dont le rôle était de contrôler la bonne marche des administrations« , (M.D. Bot, page 3).
Ce personnage influent, représentant l’autorité romaine, reçut le baptême et donna une partie de son palais pour y créer une église.
Tout en poursuivant son action « d’évangélisation entre Loire et Seine », Julien secourait les pauvres et les malades, opérait de nombreux miracles ; malade, il confia à Thuribe le soin de continuer son œuvre.
Il décéda dans un village proche, actuellement Saint-Marceau.
Lors du transfert du corps, pour être inhumé dans le cimetière gallo-romain, la légende rapporte que plusieurs miracles eurent lieu.
2 – Cela se passait au IVe ou Ve siècle
Le culte de Saint Julien prenant naissance, des malades venaient en pèlerinage. Pour protéger la tombe du saint évêque, des habitants élevèrent, au dessus du cercueil un petit sanctuaire, appelée « basilica ». Les vestiges de ce petit édifice ont subsisté jusqu’à la révolution.En 1792, en raison de son état de délabrement, ce qui était devenu une crypte fut comblée.
Plan de la crypte, réalisé par l’abbé Julien Livet, suite aux fouilles faites en 1843/1844.
Dans cette crypte se situait le sanctuaire primitif dans lequel se situait le tombeau de Julien. Autour du tombeau se développait un petit déambulatoire permettant aux pèlerins de voir le sarcophage du Saint. Depuis l’époque de ces fouilles cet ensemble a subi d’importantes modifications.
3 – A partir du VIe siècle
Autour de la « Basilica« , et sous la coupe de l’évêque Saint Domnole, années 559 à 581, un monastère fut créé ; « cinquante religieux furent installés pour y pratiquer la discipline régulière et pourvoir aux besoins des pèlerins », (A. Ledru, page 17). L’existence de cette « Basilique du Pré » est attestée en l’an 616 par l’évêque du Mans, Saint Bertrand. L’histoire ne nous a rien conservé des faits et gestes de ces premiers gardiens du tombeau de Julien.
En raison des troubles qui sévissaient hors des remparts, du fait de l’invasion des Normands, l’évêque Aldric fit transférer le corps de Saint Julien dans sa cathédrale ; c’était « un 25 juillet d’une année qui semble devoir se placer entre 841 et 850″, (A. Ledru, page 18). Toutefois, on peut supposer que quelques reliques furent conservées « au Pré », (A. Mussat, page 117).
« De 850 jusqu’au milieu du XIe siècle, c’est la nuit obscure dans l’histoire du monastère ruiné »,
(A. Ledru, page 18). Les bâtiments sont abandonnés.
4 – Au XIe siècle
A cette époque, se produisit un grand mouvement de restauration des bâtiments religieux.
Une femme pieuse, nommée Lézeline, entreprit la restauration du monastère pour y installer des moniales bénédictines ; « l’abbaye du Pré » fut créée, elle en devint la première abbesse vers 1090. Celle-ci mit en chantier une église abbatiale, de style roman, en forme de croix latine et dont les dimensions devaient en faire le troisième édifice religieux de la ville.
Les premiers travaux comprirent le chœur, le déambulatoire, le croisillon nord et sa chapelle avec un escalier d’accès à la crypte, la première travée du croisillon sud, la première travée de la nef avec ses bas-côtés.
5 – Au XIe siècle et XIIe siècle
A cette époque, se produisit un grand mouvement de restauration des bâtiments religieux.
Une femme pieuse, nommée Lézeline, entreprit la restauration du monastère pour y installer des moniales bénédictines ; « l’abbaye du Pré » fut créée, elle en devint la première abbesse vers 1090. Celle-ci mit en chantier une église abbatiale, de style roman, en forme de croix latine et dont les dimensions devaient en faire le troisième édifice religieux de la ville.
Les premiers travaux comprirent le chœur, le déambulatoire, le croisillon nord et sa chapelle avec un escalier d’accès à la crypte, la première travée du croisillon sud, la première travée de la nef avec ses bas-côtés.
Pour la seconde partie des travaux ce fut la réalisation de la dernière travée du croisillon sud, sur laquelle un campanile fut construit, puis la nef. Celle-ci, bien que réalisée en deux périodes (fort rapprochées, surtout repérables à l’extérieur) montre, malgré quelques différences, une grande unité.
Le plan ci-dessus représente ce qu’était alors cet édifice dans son intégralité. Il permet de voir que le chœur, ainsi que le transept sud, se trouvent légèrement inclinés vers la droite, rappel de la position de la tête du Christ en Croix.
Dans la nef, l’alternance est adoptée, colonnes monocylindriques et piliers cruciformes. Ce nouveau principe était destiné à assurer une meilleure répartition des charges occasionnées par l’ensemble de la charpente.
Cette disposition fut adoptée, à la même époque, dans l’église de SAN MINIATO près de Florence. Il a été pris en exemple par l’architecte et théoricien, Eugène Viollet-Le-Duc dans son « Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854/1868 – au mot travée », (M.D. Bot, page 15).
Au second niveau, existe un triforium. Au troisième niveau, les fenêtres sont en pleins cintres.
Les voûtes de la nef reposent sur des modillons, certains à têtes humaines (simple, double ou triple).
Les chapiteaux (photos pages 40 et 41), ainsi que les bases des piliers, sont d’une grande diversité, (ceux du chœur, à double rinceaux, sont particulièrement intéressants).A l’extérieur, Viollet-le-Duc a également « étudié, sur les chapelles absidiales, les corniches surmontant les murs en roussard, pierre caractéristique du Maine« ,
Le portail, réalisé au XIIe siècle, a été conservé. Il comporte quatre voussures moulurées, ornées de pointes de diamant et de petits quatre feuilles ; de chaque côté huit colonnettes semi-engagées sont couronnées de chapiteaux corinthiens avec feuilles d’acanthes, sauf un où l’on peut deviner une chimère.
De nos jours, nous avons donc la possibilité d’admirer ce portail, car il a été intégré dans la nouvelle façade réalisée au XIXe siècle.
6 – Au XVIIIe siècle
Dans le chœur, l’installation d’une petite tribune et d’un buffet d’orgue termine les travaux.
Avec la révolution, ce fut la suppression de l’abbaye. En août 1790, il n’y avait plus que 12 religieuses ; l’inventaire précise qu’il n’y avait que peu d’argenterie, aucune bibliothèque et pas de meubles de valeur, (Paul Cordonnier-Détrie, page 33).
En janvier 1791, Messieurs les Curés de la ville devaient prêter serment à la constitution civile du clergé. Un prêtre constitutionnel est nommé curé de l’église paroissiale. Celle-ci étant fermée (louée à un boulanger), l’abbé André-Pierre Le Dru s’installe dans l’abbatiale qui devient alors « Église paroissiale », sous le vocable : « Église Notre-Dame du Pré »
En 1791, l’abbé André-Pierre Ledru, trouve l’abbatiale, devenue « église paroissiale », en mauvais état, en particulier au niveau des piles de la croisée du transept, « On avait démoli le Jubé, ce qui occasionna des ruptures dans les murs et dans les colonnes. Les statues furent brisées ; une grande quantité de pavés furent cassés ou écornés et la moitié des vitres furent brisées », (Paul Cordonnier-Détrie, page 38).
« Pour consolider l’ensemble et le pavage du chœur, il décide de défoncer la voûte de la crypte afin de la combler. ……La tribune de l’orgue, ainsi que les tombeaux et les autels furent détruits, (M.D. Bot, page 28).
En septembre 1792, les membres du district viennent enlever l’argenterie et les ornements de l’abbatiale pour les déposer au couvent de la Couture; les religieuses quittent le couvent, les meubles et objets restant sont mis en vente.
A propos d’une « chasse d’argent », on trouve une information selon laquelle « elle fut brisée et envoyée à la monnaie ». Il se peut qu’il s’agisse de celle présentée au roi Charles VI, août 1392. Un des vicaires du Pré, l’abbé Pierre-Jacques Bodereau étant réfractaire, fut guillotiné place des halles en 1793.
Un vitrail, situé dans le déambulatoire, est dédié au souvenir de ce prêtre.
7 – Au XIXe siècle
Après la révolution, c’est la période concordataire. Les curés, successivement nommés, font peu de choses pour leur église.
En 1820, « les Dames du Sacré-Cœur« , ayant acquis certains bâtiments de l’abbaye, construisirent une chapelle contre la nef de l’église, utilisant aussi la partie cloître réalisée au XVIIe siècle (bas-côté nord) ; un dépôt de mendicité est créé à proximité.
Les autorités de la ville ne furent pas informées de la construction de cette chapelle ce qui provoqua, par la suite, un litige. Celui-ci trouva une heureuse solution en 1838, les religieuses cédant des terrains ; ceux-ci furent utilisés pour l’élargissement et la création de nouvelles rues, et enfin « le reste des propriétés abbatiales fut couvert en maisons ».
En 1833, l’abbé Ambroise Guillois, nommé curé, dresse un état des lieux:
– le clocher, campanile édifié sur le transept sud, est sur le point de tomber,
– les voûtes de la nef menacent ruine,
– le pourtour du chœur est fermé.
Pour commencer, il décide de faire réaliser des fouilles pour rendre la crypte au culte.
L’abbé Ambroise Guillois
En 1844, à propos de la réparation de la crypte, le préfet Mancel rapporte: « l’histoire de l’Art exige que l’on respecte, autant que possible, les œuvres que nous ont transmis les siècles passés », (M.D. Bot, page 29),d’où la « Nécessité donc de se conformer aux prescriptions de Monsieur l’Inspecteur des Monuments Historiques; celui-ci était Prosper Mérimée », (M.D. Bot, page 29).
Les fouilles commencent avec l’approbation générale: on découvre le caveau effondré, repère « C » , des murs désagrégés, deux squelettes, une dizaine de cercueils, une statue ancienne d’évêque représentant saint Julien, statue actuellement dans la crypte, (photo ci-contre ).
En poursuivant les investigations vers la croisée du transept, est mis à jour l’escalier primitif, qui descendait à la crypte ; ce passage forme désormais une niche au-dessus de l’autel de la crypte, emplacement actuel de la statue de Saint Julien.
C’est le jeune abbé Julien Livet qui a exécuté le relevé de ces fouilles.
(Le résultat détaillé en a été repris dans le livre de l’abbé Ambroise Ledru, page 21)
« Ces fouilles soulèvent des critiques, et sur l’instigation de M. l’Abbé Tournessac, ancien sacristain du Pré et fort connu pour ses compétences en architecture, l’administration ordonne l’arrêt des recherches et l’obligation de tout remettre en état. On décide donc de refermer le sol par un plancher provisoire, en attendant une restauration éventuelle », (M.D. Bot, page 29).
L’abbé Julien Livet (tableau de Lionel Royer)
Une énumération des travaux est significative : réfection des deux voûtes de la nef attenantes à la croisée des transepts avec reprise des piles de cette croisée. A. Mussat précise (page 116) « Les deux premières voûtes ont été remontées par Darcy à la suite de l’effondrement de l’une d’elle en 1859 ».
Le chœur conventuel du XVIIe siècle est transformé en sacristie ; les deux chapelles romanes, rasées à cette époque, sont reconstruites en 1862 ; la restauration du pignon sud est entreprise ; les vestiges de la tribune de l’orgue, située dans le chœur, disparaissent ; le bas-côté nord est remis en état.
D’une façon générale, les consolidations nécessaires furent faites.
En 1846, un nouveau maître autel est consacré en grande pompe.En 1852, le conseil de fabrique (nom de l’époque) alerte les autorités : « La situation misérable du bâtiment de l’église, recommandable sous le rapport de l’art, menace ruine sur plusieurs points », (M.D. Bot, page 30).
Le préfet fait débloquer une subvention prise sur les fonds du département, sans pouvoir en attribuer d’autres.
En 1853, le conseil municipal vote 2.400 F. « pour les réfections du Pré ». L’abbé Guillois meurt en 1854.Pendant 3 ans, son successeur n’entreprendra rien.
« En 1856, Denis Darcy (architecte municipal), ancien élève de Viollet-Le-Duc, (collaborateur de Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques), fit un projet devant l’urgence des travaux. En effet, on note que, lors d’un office, une pierre s’est détachée de la voûte et a causé une grande panique », (M.D. Bot, page 30).
L’abbé Julien Livet est nommé curé en 1857.
Ayant suivi un cours d’archéologie au grand séminaire, « il reprit la restauration de son église, ébauchée sans grand succès par l’abbé Guillois, meilleur théologien que bon archéologue. Il trouvait le monument plus délabré que ne l’avait laissé la révolution », (A. Ledru, page 32).
Il y déploya toute son énergie ; il ne fut jamais rebuté malgré les hostilités, les déceptions et les longueurs des formalités administratives », (M.D. Bot, page 30).
Après avoir rehaussé le chœur, une nouvelle crypte à trois nefs est achevée ; au sol, l’emplacement des fondations des murs de l’ancienne « basilica » est conservé; il est toujours visible. L’escalier d’accès actuel est réalisé (en « A », croquis page précédente) ; celui de l’ouverture primitive est comblé, tout en permettant la réalisation de la niche surmontant l’autel de la crypte, abritant la statue de Saint Julien.
L’inauguration solennelle eut lieu le 27 janvier 1860, jour de la fête du Saint Patron de l’abbaye. Pour financer une partie de ces travaux, l’abbé Livet « allait prêcher dans toutes les paroisses du département, lançait des souscriptions, recevait de nombreuses offrandes de ses paroissiens aux revenus pourtant modestes. Pour compléter cette quête d’argent, il mit en vente les derniers exemplaires de l’explication du Catéchisme, éditée par l’abbé Guillois », (M.D. Bot, page31).
Nous savons par ailleurs que de 1858 à 1869, les dépenses de restauration s’élevèrent à la somme d’environ 200.000 F., la ville y ayant contribué par un apport de 192.929 F.
Le campanile existant, construit sur le croisillon sud au XIIe siècle, « menaçait ruine ». La croisée du transept n’étant pas assez solide pour supporter le poids d’un nouveau clocher, un projet de clocher-porche est présenté par l’architecte Darcy « considérant que l’église Notre-Dame du Pré, si vénérable par son antiquité qui remonte au XIe siècle, est un des monuments les plus vénérables de la ville du Mans », (M.D. Bot, page 30).
Le projet est agréé « car il avait l’avantage d’agrandir l’église trop petite pour contenir toute la population paroissienne de ce quartier », (M.D. Bot, page 30).
Poursuivant « les travaux d’embellissement », l’abbé Livet décide de faire enlever le retable en tuffeau de Saumur, érigé au XVIIe siècle vers 1660, présenté en page 6, « ce qui suscita une bataille entre les érudits locaux« . L’un d’eux écrivait : « …ce placage indécent et vulgaire sur ce beau chœur du XIe siècle où il fait l’effet de la perruque de Louis XIV sur la tête d’Hugues Capet »,
(A. Ledru, page 31).
Une proposition de déplacement fut refusée par la municipalité qui en vota la démolition en 1861.
A propos de retables, André Mussat (page 117) écrit, pour expliquer la présence au Pré de la statue de saint Thuribe, « compagnon et successeur de saint Julien », terre cuite datée du XVIIe siècle, « qu’elle provient sans doute d’un des grands retables qui ornait l’église ».
Concernant les « quatre statues colossales: saint Julien, saint Augustin, saint Benoît, sainte Scolastique », l’Abbé Ambroise Ledru, 1924, rapporte (page 59) que celles de saint Julien et saint Augustin se trouvent « à l’extrémité du croisillon nord ». Actuellement, ces statues n’existent pas mais, curieusement, et dans le transept nord, la statue de sainte Philomène, réalisée en 1890, se trouve posée sur un socle portant l’inscription « Saint Julien ».
Croquis du projet de restauration, septembre 1861.
Cette hypothèse d’un autre retable, qui pourrait être antérieur à celui érigé vers 1660, rejoint une idée exprimée par Monsieur Guilbaut, Conservateur des Antiquités et Objets d’art de la Sarthe, lors de l’expertise effectuée en novembre 2007 pour la restauration du bas-relief, également en terre cuite et daté du XVIe, actuellement situé dans le bas-côté sud.
En effet, Monsieur Guilbaut pense que ce bas relief provient d’un retable.
Sur ce bas-relief, représentant une procession, l’abbé Livet a fait peindre, vers 1865, l’inscription suivante : « Anne de Montalis reçoit les reliques de sainte Scolastique, 1666 ». Selon l’abbé A. Ledru (page 46) : « Cette inscription est fautive. On ne voit nulle part Anne de Montalis, ni aucune abbesse. La sculpture est très antérieure à 1666. Elle représente une translation ou une procession de reliques indéterminée au XVIe siècle ».
D’autre part Paul Cordonnier-Détrie précise : « On avait démoli le Jubé, ce qui occasionna des ruptures dans les murs et dans les colonnes. Les statues furent brisées,…… »
Nous ne disposons d’aucune information, ni de croquis, à propos de ce jubé. Selon Marie-Dominique Bot, (page 28), il s’agissait « de grilles formant jubé et fermant le chœur ».
Peut-être y a-t-il confusion, dans les textes, entre « retable et jubé », ces deux ensembles ayant existé simultanément pendant plus de130 années. Quant aux grilles, qui fermaient le chœur vers les transepts, elles furent démontées dans les années 1960.
En 1862, les travaux de réfection se poursuivent par le dallage du pourtour du chœur, la restauration de la chapelle de la Vierge et de la chapelle saint Jean, celle-ci étant devenue chapelle du Sacré-Cœur.
En juin 1863 furent consacrés, par l’évêque, un grand autel placé dans le chœur et un autre dans la chapelle de la Vierge.
A partir de 1865, la ville disposant, suite à la cession de 1838 par « les Dames du Sacré-Cœur », des terrains et des bâtiments attenant à l’abbatiale, l’église fut dégagée. La rue Ducré est prolongée, un jardin public est établi autour de l’église.
Des terrains étant devenus disponibles, la question de la construction d’un presbytère est étudiée. Un projet, techniquement très avancé avec un nouveau plan du quartier, propose une construction jouxtant l’église dans l’alignement de sa façade, et située dans le jardin à l’angle de l’actuelle rue Sieyès.
Finalement, la municipalité opte pour une construction en dehors du jardin. Le presbytère est réalisé en 1868, à l’emplacement que nous lui connaissons actuellement.
Une école de garçons est également construite, la direction en étant confiée aux Frères des Écoles chrétiennes.
Ce plan du quartier permet de saisir l’importance des transformations qui furent entreprises.
L’intérieur de l’église ayant été consolidé, l’abbé Livet en fait entreprendre la décoration.
En 1864, des fresques murales furent exécutées, au dessus des grandes arcades du chœur, par Pierre Andrieux, élève d’Eugène Delacroix.
Ces peintures, outre le Christ assis, représentaient la mission des apôtres et les scènes principales de la vie de saint Julien, dont le miracle de la fontaine et le baptême de « défensor civitatis« .
En complément, le peintre manceau Charles Jaffart ornementa ces fresques et réalisa de nombreuses autres peintures murales et décors, ainsi que les blasons sur les clefs de voûte.
Inscription en dessous des trois fresques.
« ALLEZ, ENSEIGNEZ TOUTES LES NATIONS, LES BAPTISANT
AU NOM DU PÈRE, DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT ».
- Au centre : « le Christ, assis, bénissant et tenant un livre sur ses genoux, est entouré des quatre évangélistes symbolisés par l’ange, l’aigle, le lion et le taureau ».
- A gauche: « Saint Julien, en costume d’évêque, mitre en tête et crosse de la main gauche, verse de la main droite l’eau du baptême sur la tête de Défensor, vêtu en guerrier romain…
trois autres personnages représentent la famille de Défensor, attendant le baptême »
Ces peintures furent solennellement inaugurées en présence du maire de la ville et du conseil municipal.
La crypte avait également été décorée, de même que les chapelles absidales.
Sur ce cliché on peut voir, à droite de l’autel, le sarcophage de l’abbé Julien Livet qui fut déposé en 1895.
Ces peintures furent solennellement inaugurées en présence du maire de la ville et du conseil municipal.
La crypte avait également été décorée, de même que les chapelles absidales.
Sur ce cliché on peut voir, à droite de l’autel, le sarcophage de l’abbé Julien Livet qui fut déposé en 1895.
Sur cette photo, du début des années 1870, l’église se trouve dégagée ; on remarque, outre le campanile, les étais car « la façade au bas de la nef était à refaire ; le pignon penchait en avant, menaçant d’entraîner la première voûte de l’édifice », (A. Ledru, page 36)
Pendant la guerre de 1870/1871, de nombreux régiments passaient au Mans, mais rien n’était prévu pour assurer leur logement. Les soldats se trouvaient entassés dans les églises, les communautés, les collèges, au séminaire, etc…, couchant sur la paille.
Au Pré, l’abbé Julien Livet fait disposer la nef de son église pour les recevoir; il fit régner l’ordre et réussit même à faire prier des soldats plutôt disposés à commettre des méfaits.
Par la suite, les Allemands entrés au Mans ne profanèrent pas l’église.
Au milieu de ces tristesses, malgré un début de cécité, son église demeurait une des grandes préoccupations du curé du Pré.
Fin 1870, il fit réaliser, par Monsieur Cottereau sculpteur au Mans, les statues en pierre des quatre évangélistes ; elles furent placées à proximité des piliers de la croisée du transept, où elles se trouvent actuellement.
Pour achever l’œuvre de restauration, la façade était à refaire.
Par sa ténacité, malgré le refus de la subvention sollicitée au ministère des cultes, l’abbé Julien Livet réussit à faire réaliser le projet de l’architecte Darcy.
Pour ce faire, il profita d’un passage au Mans du Président Mac-Mahon pour obtenir un secours de l’Etat, « en démontrant que la ville du Mans avait beaucoup souffert de la guerre », (M.D. Bot, page 33).
Le clocher-porche put s’élever de 1878 à 1885
En 1888, ce clocher fut doté de 5 cloches de la fonderie Bollée au Mans, l’une d’elle étant offerte par la famille Bollée.
Une émouvante poésie, écrite par Guillaume de Gayffier en 1893, raconte l’épreuve de l’abbé Julien Livet qui, aveugle, entend « sonner son clocher, qu’il n’a jamais vu achevé. »
La façade tel que nous la connaissons actuellement.
Le portail primitif du XIIe siècle fut inséré dans la nouvelle façade..
Au dessus, une sculpture en bas relief, d’époque moderne,
rappelle le miracle majeur de Saint Julien, celui dit « de la fontaine ».
Pendant cette période de grand travaux, l’abbé Julien Livet fit en sorte de doter l’église d’un mobilier complet : stalles, chaire, vitraux, chemin de Croix, orgue (1889), et divers « objets de mérite » dont de nombreuses statues
* En 1870, du sculpteur manceau, Mr. Cottereau : – les quatre évangélistes.
* De 1879 à 1890, un autre sculpteur manceau, J. L’Hommeau, réalise:
– Notre Dame du Rosaire – Saint Marcouf, 1879 – Saint Germain, 1879 – Saint Sébastien
– Saint Gilles – Saint François d’Assise, 1889 – Saint Dominique – Sainte Philomène,
* En 1890, le sculpteur Ch. Filleul réalise: – la statue de Sainte Marguerite-Marie Alacoque
* le sculpteur E. Hiron réalise: – la statue de sainte Thérèse
* Pour les autres statues en pierre, il n’existe pas de référence: – Saint Pierre et Saint Paul,
– Sainte Anne, – Notre Dame du Pré, – Saint Joseph, – Un diacre – Sainte en mission
– Saint Julien (dans la crypte).
On peut conclure que l’abbé Julien Livet « transforma la vielle abbatiale et lui imprima son caractère définitif » (A. Ledru, page 31).
L’abbé Julien Livet, chanoine honoraire du Mans, décédait le 20 juin 1895.
De son biographe, le cardinal Dubois, « le curé du Pré était un beau vieillard, un type de physionomie sacerdotale : taille élevée, figure austère, fine, allongée, encadrée de longs cheveux blancs, front haut et chauve, regard profond et voilé, lèvres pincées, traits accentués, énergiques », (A. Ledru, page 36).C’était aussi « une volonté, d’un caractère fortement trempé, à arêtes vives, aux principes inflexibles« . Il le prouva en toutes circonstances. Il fut inhumé dans la crypte de son église, à droite de l’emplacement du tombeau de saint Julien. Actuellement, son sarcophage se trouve inséré dans la maçonnerie, seul côté étant visible.